On dit que le TDA-H se caractérise par des difficultés à se concentrer, en particulier sur des tâches longues, ennuyeuses ou demandant un effort soutenu, ainsi que par une agitation motrice, un besoin permanent de bouger, une impulsivité. Certaines personnes ont plus de difficultés à rester attentifs, tandis que pour d’autres, c’est l’hyperactivité qui prend le dessus.
La réalité clinique du TDA-H est selon moi beaucoup plus complexe. Il existe une forte hétérogénéité des symptômes présentés par les personnes atteintes. On passe souvent sous silence les nombreuses difficultés qui existent sur le plan des fonctions exécutives : les personnes ayant un TDA-H ont fréquemment de la peine à anticiper les délais, s’organiser dans leur vie quotidienne, initier une activité, réfréner leurs automatismes. Si ces symptômes-là ne s’observent pas encore dans la petite enfance, plus les exigences augmentent à l’école, et plus ils deviendront flagrants et problématiques, engendrant oublis de matériel, difficultés à estimer le temps nécessaire aux révisions et manque d’autonomie dans les devoirs.
Les critères diagnostic ne mentionnent pas non plus les difficultés en terme de mémoire de travail qui sont pourtant si fréquemment observées chez les personnes ayant un TDA–H. La mémoire de travail est comme la mémoire vive d’un ordinateur, elle nous permet de retenir une petite quantité d’informations sur un court laps de temps et d’effectuer un travail mental dessus. C’est ce que l’enfant est amené à faire en permanence à l’école: pour retenir une consigne complexe, faire un calcul mental ou prendre des notes.
Un bilan neuropsychologique cherche à dresser un tableau complet du fonctionnement cognitif. Il peut être effectué dans l’enfance, à l’adolescence tout comme à l’âge adulte. Effectué auprès d’un-e spécialiste reconnu-e, il permettra de mettre en lumière la nature des difficultés propres à la personne qui consulte, d’une façon beaucoup plus fine qu’un simple entretien le permettrait. Sur la base des résultats à cet examen, il est primordial que le/la neuropsychologue prenne le temps de discuter des conseils et aménagements possibles. Ces conseils seront alors personnalisés et basés sur le profil des faiblesses comme des forces relevées lors du bilan.
Il s’agit d’une démarche complémentaire à la médication. Une récente étude a ainsi montré que la combinaison d’un traitement médicamenteux et d’une approche thérapeutique de type comportementale réduisait plus efficacement les symptômes du TDA-H que la médication ou une thérapie isolées (Hinshaw, Arnold, and For the MTA Cooperative Group, 2015). Par ailleurs les médicaments n’agissent pas chez tout le monde (jusqu’à 30% des patients n’observeront pas de bénéfices ou souffriront d’effets secondaires), et ils n’agissent généralement pas sur tous les symptômes. Ainsi, il n’est pas rare que malgré une meilleure attention soutenue, une personne sous médication garde des difficultés à s’organiser dans sa vie quotidienne.